L’agriculture dont nous sommes consom-acteurs
« L’affaire du poulailler »
Mi-novembre, les habitants des environs de la rue du Bolland à Ville-en-Hesbaye et quelques Cipletois prennent connaissance d’un projet concernant l’installation d’un poulailler industriel de 25000 poulets dans leur environnement proche. Très vite, les riverains se mobilisent, s’informent et décident de se réunir. S’en suit une réunion fort houleuse, les riverains sont, à juste titre, effrayés par la perspective de ce projet et des nombreuses nuisances qu’il entraînerait, l’agriculteur quant à lui à mis beaucoup d’espoir dans ce projet et est surpris par ces réactions à chaud. Suite à cet événement, le porteur de projet décide d’abandonner (voir articles en annexes). Les riverains restent vigilants, le projet pourrait ne pas avoir été abandonné, affaire à suivre donc …
Mobilisation citoyenne
Je ne suis pas directement concernée par ce projet mais, comme beaucoup de braivoises et de braivois , je connais des personnes vivant dans ce voisinage. J’ai été et suis toujours très impressionnée par la mobilisation et la rapidité de réaction de ces riverains. Personnellement, cela me rassure car je pense que la capacité à s’indigner et à s’unir pour une cause commune est essentielle à une vraie démocratie. Mais, en même temps, je suis très mal à l’aise en pensant à l’agriculteur qui essaye tout simplement de vivre dans un contexte réellement difficile et, je pense que ce projet dans lequel il comptait s’engager avec la chaîne Colruyt pouvait au moins l’aider à subsister.
En m’interrogeant un peu plus sur le malaise que cette histoire suscitait en moi j’ai pris un peu plus conscience que, moi aussi, je participe à l’existence de telles exploitations et qu’il n’y a pas lieu de s’en émouvoir simplement parce que c’est proche de nous.
De “pas derrière chez moi” à “pas dans mon assiette”
Très loin de moi l’idée de faire la morale, moi aussi, il m’est arrivé encore récemment, d’acheter un poulet entier à moins de 4€ du kilo … franchement, il nous faut beaucoup d’auto-aveuglement pour ne pas se demander comment arriver à des prix aussi dérisoires ! Avec quoi a-t-il été nourri ce pauvre poulet? En combien de temps? Dans quelles conditions ? Et, surtout, si on en retire les marges du supermarché, les frais de transport et d’emballage, combien l’éleveur as t- il été payé ? Tout ça pour un poulet, peut être pas cher mais surtout … pas bon !
Depuis longtemps, cela me trottait dans la tête mais, il faut des déclencheurs pour décider de changer et là, c’est bon, cette histoire m’a amené à prendre la décision de ne plus jamais acheter de tels poulets.
Poulet Bio Bobo Ecolo ?
Samedi passé, je suis allé chercher mon poulet rôti commandé la veille. Ce poulet à été élevé selon un cahier des charges bien précis: âge minimal d’abattage, surface minimale par poulet, obligation d’un parcours extérieur, alimentation végétale et sans OGM, interdiction de certains médicaments … Au moment de payer j’ai eu, je l’avoue, un peu mal à mon porte-monnaie mais, à table, en famille … quelle différence de goût , le goût du poulet de mon enfance, un vrai bonheur !
Oui, un poulet de qualité, c’est plus cher et, malgré une image facile et tenace de l’Ecolo bobo, les personnes qui prennent l’option de manger des produits sains, respectueux et de proximité n’ont pas toujours des moyens financiers élevés (en tout cas dans mon entourage, c’est souvent le contraire :). Je comprends que l’on hésite à payer son poulet ou sa viande parfois jusqu’à 2 à 3 fois plus cher, mais on peut aussi prendre l’option d’en consommer moins et moins souvent.
Un engagement au niveau local
Les agriculteurs, on le sait, ont un métier difficile et ils sont souvent dans des situations tellement compliquées qu’ils n’ont pas d’autres solutions que d’accepter des contrats tels que celui de “l’affaire du poulailler”. A Braives, comme ailleurs dans le parc naturel, des cultivateurs, éleveurs, maraîchers .. prennent l’option d’aller vers un autre type d’agriculture, cela comporte des risques et ils ont besoin d’être rassurés dans ce choix.
L’une des réponses se trouve dans la consommation locale. Si les consommateurs achètent en quantités suffisante, à un prix raisonnable et sans passer par des intermédiaires, les agriculteurs qui en font le choix peuvent développer des cultures à taille humaine, produire des produits dont ils sont fiers et vivre décemment de leur travail. Les paniers du Gac, le marché local du mercredi à la gare de Braives sont de belles initiatives qui vont dans le sens d’une consommation responsable et locale mais, rien de tout cela n’est possible sans consommateurs sensibilisés à ces aspects et surtout sans soutien au niveau des pouvoirs locaux. En effet, si les cantines scolaires, les repas à domicile et les cantines des entreprises locales entrent dans ce cercle, cela permettrait à ces producteurs de se projeter dans l’avenir.
Je ne suis qu’une consommatrice importée de Bruxelles, je n’y connais rien aux métiers de la terre si ce n’est mon petit potager et mes 4 poules mais je ne voulais pas déposer sur ce site les extraits de presse qui vont suivre sans donner mon avis sur tout cela.
Dans les mois qui vont suivre, la locale écolo et des sympathisants ( bien plus expérimentés que moi) vous donneront rendez-vous à ce sujet, restez en éveil !
Michèle Vos
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Pour contacter le GAC de Braives: http://beesimple.com/gac/
Les articles de presse :
Braives: une pétition contre la ferme aux 25 000 poulets – Alexandra SIMARD – L’Avenir
Pascale Ozimirski (à gauche) et Michel Hellas s’opposent à la création d’un poulailler de 25 000 poulets à Braives. ÉdA
Le projet de création d’une ferme de 25 000 poulets à Braives inquiète. Une centaine de riverains s’est réunie vendredi soir pour en débattre.
«Vous n’êtes pas informés du projet. Vous ne connaissez pas mon fils.» Assis au milieu d’une petite centaine d’habitants de Ville-en-Hesbaye (Braives), Jean-Charles Bolly ne peut contenir sa colère. Pascale Ozimirski et Michel Hellas ont tenu à rassembler un maximum de personnes pour discuter de la façon dont les riverains peuvent s’opposer «légalement» à la création d’un poulailler de 25 000 poulets sur le territoire de leur commune, à proximité du lieu-dit Aux Six Voies. «Vous faites une réunion sans aucun contenu. Vous allez informer les gens avec des choses que vous ne connaissez pas», ne décolère pas Jean-Charles Bolly, le père de Raphaël Bolly, l’agriculteur à l’initiative du projet. «Effectivement, nous n’avons pas le dossier en main mais on souhaiterait le consulter au plus vite», répond Michel Hellas. L’ancien journaliste de la RTBF, habitant à Ville-en-Hesbaye, poursuit. «Nous voulons que notre mouvement reste apolitique. L’objectif de cette rencontre est d’informer les habitants de l’existence du projet. Et de mobiliser. On veut que notre voix soit entendue et ne pas être pris de court par les délais administratifs.» Parmi les représentants de la Commune, seul Christian De Cock (BAse) était présent. «Je n’ai pas été convié. Sinon je m’y serais rendu», indique pour sa part le bourgmestre Pol Guillaume.
«Je vous remercie pour cette initiative car je n’étais pas au courant de ce projet», avance un participant. Une pétition a d’ailleurs été distribuée lors de cette soirée. «Je la garde au chaud. Cela nous permettra de peser dans le débat», indique l’organisatrice de la rencontre, vivant à 500 mètres de la ferme en question. Ce vendredi soir, un comité de six personnes a été créé. «Ce qui m’intéresse, c’est le bien-être des animaux. Nous devrions faire appel à la SPA», s’indigne Peggy Festrouts, membre opposée au projet. Les opposants dénoncent aussi les nuisances sonores et olfactives de l’exploitation et demandent à être reçus par la Commune. Ensemble, ils se rendront ce lundi à la rencontre du directeur générale de Braives en quête davantage d’information. De son côté, l’agriculteur a annoncé hier organiser une conférence de presse ce lundi matin afin d’apporter de nouvelles informations.
Le projet : 25 000 poulets, peut-être plus…
D’une superficie de près d’un hectare, le site de Raphaël Bolly accueillera un poulailler de 1 500 m2 où seront hébergés 25 000 poulets, au sol, éclairés par la lumière naturelle. Selon l’ASBL Biowallonie, chaque bâtiment avicole d’un élevage de volailles bio ne peut compter plus de 4 800 poulets. Mais ici, il ne s’agit pas d’un élevage biologique mais d’un élevage semi-industriel, labellisé par la société Colruyt. «Une société sera chargée de fournir les poussins et mon fils devra les élever. La production de céréales représente 30% de l’infrastructure et servira à nourrir les animaux», indique Jean-Charles Bolly. Un entrepôt permettra de stocker des pommes de terre et de ranger le matériel de l’agriculteur. «Si tout se passe bien, le projet devrait voir le jour fin 2018, début 2019», révèle l’ancien échevin de Braives, en charge de l’environnement. «Les banques nous ont facilement soutenus pour le projet de poulailler. C’était plus difficile pour le hangar.» Et l’homme d’avertir. «Il est possible que Colruyt nous demande d’augmenter le nombre de poulets à l’avenir.»
Pour vivre de son métier
Les 52 hectares qu’il cultive actuellement ne lui permettent pas de vivre de son métier. En parallèle, Raphaël Bolly, 36 ans, a passé son permis camion pour compléter ses revenus. Ce projet, c’est sa dernière chance. «Si mon fils arrête, je ne serais pas triste car je pense que le monde de l’agriculture est ingrat et injuste», révèle Jean-Charles Bolly, agriculteur pensionné depuis janvier 2017. L’agriculture représente les trois quarts du territoire de Braives. «Depuis que je suis bourgmestre, le nombre d’agriculteurs a diminué de moitié», constate Pol Guillaume. Mais tous les habitants ne sont pas prêts à accueillir un tel projet (lire par ailleurs). «Quand on s’installe à la campagne, vous savez où vous mettez les pieds», répond Jean-Charles Bolly à ceux qui se plaignent des odeurs. Toutefois, Braives fait partie du Parc naturel Burdinale-Mehaigne. Encore faut-il que ce poulailler s’inscrive dans ce paysage…
«Toutes les parties entendues» A.Si. – L’Avenir
Le 13 novembre 2017, la Commune de Braives a envoyé un courrier aux habitants vivant dans un rayon de 750 mètres autour du site en projet afin de leur proposer de participer à un groupe de travail dédié à cette question. Cette table ronde sera composée des principaux acteurs du projet, de trois élus: Pol Guillaume, Xavier Lisein et Christian De Cock, d’un représentant de la Fédération wallonne de l’agriculture et de trois représentants des habitants. Ces derniers avaient jusqu’à ce lundi pour présenter leur candidature. Les habitants intéressés devront entre eux désigner leurs trois représentants. «Nous ne sommes pas obligés de créer ce groupe de travail mais nous souhaitons entendre toutes les parties avant de nous prononcer», rassure le bourgmestre de Braives. Nous avons eu trois jours pour le transmettre à la Région wallonne afin qu’elle vérifie s’il était complet. L’enquête publique débutera dès que la Région nous aura retourné le dossier». De son côté, Xavier Lisein précise que les résultats du groupe de travail pourraient être présentés à l’ensemble de la population, à l’occasion d’une réunion publique. «Prenons le temps d’étudier le dossier avant de juger. Avec ce groupe de travail, nous souhaitons anticiper l’enquête publique. J’ai envie d’aller visiter un poulailler de ce type pour me faire un avis», avoue le 1er échevin. La décision finale reviendra à la Commune. En cas de refus du projet, un recours auprès du Gouvernement wallon est toujours possible.
A BRAIVES, UNE DEMANDE DE PERMIS POUR 25.000 POULETS
« Sans ce projet, je suis à la rue » M-CL.G.
À Braives, c’est une demande de permis unique pour un poulailler industriel de 25.000 poulets d’engraissement qui a été introduite il y a un mois par Raphaël Bolly,un agriculteur de Ville-en-Hesbaye. Il justifie sa demande par un besoin de diversification. « La ferme ainsi que les 2/3 de terres que nous louons viennent d’être vendus. Il ne me reste que 52 hectares de culture, c’est insuffisant pour vivre. » Raphaël Bolly a donc introduit une demande pour un nouveau site d’exploitation dans les campagnes de Ville-en-Hesbaye. « Il regroupera deux hangars : le premier pour les machines et les récoltes, le second pour le poulailler ».
L’enquête publique est imminente. Elle démarrera dès que le dossier sera rentré de la Région wallonne. Anticipant ce retour, l’administration communale a déjà informé les riverains du projet. L’ambition des autorités est de mettre en place un groupe de travail rassemblant des représentants du conseil, des promoteurs et des riverains « qui nous accompagneront pour l’analyse du dossier » , précise le bourgmestre Pol Guillaume. Une méthode qui a déjà été précédemment testée, avec de bons résultats, assure-t-il.
Ce projet a tout de suite suscité une vague de réactions négatives parmi les riverains. Ce vendredi soir, à l’initiative de quelques-uns, une assemblée citoyenne s’est tenue à la salle de l’Amitié Villoise. Selon Michel Hellas, porte-parole des riverains, entre 80 et 100 personnes y ont assisté. « La majorité de ceux qui étaient présents est défavorable au projet. Tous pointent les nuisances que peut générer une telle exploitation avicole, surtout les odeurs et les mouches. Si nous agissons maintenant, c’est pour être informé tout de suite et pas quand il sera trop tard » .
Une pétition circule actuellement à Ciplet et Ville-en-Hesbaye. « Ce lundi, nous demanderons à rencontrer le bourgmestre ». Jean-Charles Bolly, le père de Raphaël et ancien échevin de Braives, regrette cette prise de position rapide« alors que le projet n’a pas encore été présenté. Tout de suite, c’est un non catégorique ! Qu’on attende au moins l’enquête publique, chacun pourra s’exprimer. »
Son fils, Raphaël Bolly ne cache pas son inquiétude face à cette levée de boucliers. « En septembre 2018, au plus tartd, je dois avoir quitté la ferme de Ville-en-Hesbaye. Si je ne peux pas construire, je suis à la rue, sans boulot et donc, sans argent. »
Articles parus au lendemain de la réunion:
25 000 poulets: il préfère tout arrêter Alexandra SIMARD – L’Avenir
Jean-Charles Bolly, Raphaël Bolly et sa compagne Virginie Wauthier devant leur ferme qu’ils vont devoir quitter en septembre 2018. ÉdA
Après la vive opposition à la création d’un poulailler de 25 000 poulets à Braives, Raphaël Bolly préfère abandonner son projet.
Il ne s’attendait pas à une telle opposition. Ce week-end, Raphaël Bolly a été marqué par le déferlement sur les réseaux sociaux des habitants opposés à la création de son poulailler semi-industriel de 25 000 poulets. «Les réseaux sociaux sont destructeurs», lache l’agriculteur de 36 ans, ému par sa décision. Ce vendredi soir, une centaine de personnes s’était réunie à Braives pour exprimer son opposition au projet (voir notre édition du 20 novembre 2017). Face à la motivation de certains habitants de porter le dossier jusque devant le Conseil d’État, Raphaël Bolly préfère arrêter là. «Moralement, financièrement, administrativement, on ne peut pas se permettre d’aller jusque devant le Conseil d’État. Je préfère tourner la page plutôt qu’attendre des années», justifie Raphaël. Jean-Charles Bolly, le père de l’agriculteur, très investi dans le projet, ne peut retenir son chagrin: «Ce qui me fait du mal, c’est que la population nous rejette sans même avoir pris la peine d’étudier le dossier. Mais nous sortirons grandis de cette expérience.» «Qui n’a jamais acheté un poulet Colruyt? Ceux qui voulaient faire des barbecues tranquilles (sans les odeurs du poulailler) ne font-ils pas griller des brochettes de poulets sur leur barbecue?», ironise, sans une pointe d’agacement, Virginie Wauthier, la compagne de Raphaël. Le couple a investi près de 10 000 euros dans ce projet, qu’il ne récupérera pas. Malgré tout, Raphaël Bolly a décidé de continuer son métier d’agriculteur.
Du côté des opposants, on se réjouit de la nouvelle. «C’est génial! On a gagné mais j’aimerais bien qu’aujourd’hui, on puisse nous assurer que de tels projets n’auront plus accès au parc naturel de la Burdinale-Mehaigne», contraste Pascale Ozimirski, à l’initiative d’une pétition intitulée «Non aux 25 000 poulets». À ce jour, la pétition a récolté 50 signatures. «J’ai beaucoup d’empathie pour ce jeune fermier qui essaie de s’en sortir. Mais il n’aurait pas pu gagner sa vie avec une telle exploitation. Il aurait été obligé d’élever bien plus de poulets», estime Michel Hellas. «Je souhaite qu’il reste dans l’agriculture mais qu’il fasse de l’agriculture durable dans notre région. Il y a des choses possibles et qui ont beaucoup plus de valeur ajoutée que de s’occuper de poulets», poursuit le riverain de Ville-en-Hesbaye. «Nous ne sommes pas des emmerdeurs (sic) publics. Les opposants vont croire qu’ils ont gagné mais on n’est pas là pour donner raison ou tort à un groupe de personnes. On était là avec un projet objectif, réaliste et étudié», regrette encore Jean-Charles Bolly.
Un dossier jugé avant d’être étudié
Si Pascale Ozimirski est satisfaite de la décision, l’habitante de Ville-en-Hesbaye va plus loin: «La Commune aurait dû refuser le projet dès le départ parce qu’elle fait partie du parc naturel.»Pour rappel, la Commune de Braives n’a pas pu se pencher sur le dossier. Et donc n’a émis aucun avis à son propos. Comme le veut la procédure, elle n’a eu que trois jours pour le transférer à la Région wallonne où il se trouve toujours. Une table ronde rassemblant tous les acteurs devait se tenir afin d’anticiper l’enquête publique et donner la parole à tous les acteurs. Le bourgmestre Pol Guillaume se dit attristé par cette nouvelle. «Je tiens à manifester ma tristesse pour ce jeune et sa famille. Je regrette que le projet ait été jugé avant même qu’on ait eu le temps d’en ouvrir la première page.» Toutefois, le bourgmestre de Braives comprend la décision de Raphaël Bolly: «Je comprends mais regrette qu’on ait été dans l’incapacité d’entendre un jeune de Braives qui a montré qu’il avait la volonté de poursuivre sa profession.»Le bourgmestre recevra dans les prochains jours le comité des opposants «pour tirer les conclusions de cette histoire».
«Remonter la pente»
«On est déjà au fond du trou. On remontra la pente. Mais en faisant quoi? Je n’en sais encore rien à l’heure actuelle.» Au fil du temps, Raphaël Bolly a vu son exploitation diminuer. Avant, l’agriculteur disposait de 160 hectares et de 80 bêtes à cornes. Aujourd’hui, il n’a plus que 52 hectares. Des terres qu’il continuera d’exploiter. Néanmoins, alors qu’il doit quitter la ferme familiale au plus tard le 15 septembre 2018, l’agriculteur doit trouver une solution pour entreposer son matériel et reloger sa famille. Le couple compte faire construire une maison à Braives.
L’élevage de 25.000 poulets abandonné
L’agriculteur villois, Raphaël Bolly, laisse tomber son projet suite à la pétition des riverains OLIVIER JOIE
Rapahël Bolly avec son papa et sa compagne: «cela faisait 2 ans que je travaillais sur ce projet.» O.J.
Face aux vives critiques de la centaine de riverains et à la pétition qui circule, Raphaël Bolly a décidé de laisser tomber son projet d’exploiter un poulailler de 25 000 poulets de chair. Dépité, l’agriculteur se sent jugé sans avoir pu se défendre face à ses détracteurs.
Alors qu’il avait introduit une demande de permis unique pour la création d’un poulailler de 25.000 poulets de chair, ainsi qu’un hangar pour stocker les machines et les récoltes, dans les campagnes entre Ville-en-Hesbaye et Oteppe, Raphaël Bolly a décidé de laisser tomber son projet. En cause : de vives critiques et une pétition des riverains ! « Vendredi soir, il y a eu une réunion d’information organisée par les riverains à laquelle je n’étais même pas convié. Ces derniers ont critiqué le projet sans avoir pris connaissance du dossier. Sans compter les nombreuses dérives qui ont suivi sur les réseaux sociaux», explique l’agriculteur villois, qui préfère en rester là car il sent que ce combat est perdu d’avance. « Ce n’est pas de la lâcheté mais les contestataires ont bien fait comprendre qu’ils feraient tout pour que mon projet ne voit pas le jour. Jusqu’à aller au Conseil d’État. Je savais que certaines personnes seraient contre mais je ne m’attendais pas à autant de réactions négatives. »
Car la réunion d’information de vendredi soir ne s’est pas bien passée comme l’explique Jean-Charles Bolly, le papa de Raphaël et ancien échevin braivois, qui était présent. «Nous étions ouverts à la discussion mais ces personnes se permettent de critiquer sans avoir dialogué avec nous et sans connaître les véritables tenants et aboutissants du dossier. On a enterré le projet de mon fils sans qu’il puisse se défendre puisqu’il n’a même pas été convié à cette fameuse réunion et on ne l’a jamais contacté pour avoir des informations. Puisque j’étais présent, j’ai tenté de le défendre. Mais ces gens ne veulent rien entendre. Il y a même des personnes qui ne font pas partie du village qui ont signé la pétition. Une dame est allée jusqu’à mimer le salut nazi, le poing en avant, en criant Non aux 25 000 poulets » , explique encore choqué Jean-Charles Bolly.
Et les conséquences ont été rapides puisque, ce lundi, Raphaël Bolly a décidé de tout laisser tomber. « J’ai l’impression que les gens pensent que j’ai monté ce dossier sans avoir rien pensé. Mais ce n’était pas le cas. Ça fait deux ans que je travaille sur ce projet et j’ai investi une dizaine de milliers d’euros que je ne récupérerais jamais. Je pourrais continuer à les affronter mais je n’ai pas envie de perdre mon énergie, mon mental et mon argent pour quelque chose que mes voisins vont tout faire pour démolir » , explique l’agriculteur villois, qui ne sait pas encore ce qu’il va faire. « En septembre 2018, au plus tard, je dois avoir quitté la ferme de Ville-en-Hesbaye puisque cette dernière ne m’appartient pas. Ce poulailler devait me permettre de continuer à travailler et à faire vivre ma famille car il ne me reste que 52 hectares de terre qui ne sont pas suffisants pour pouvoir gagner ma vie. Je vais donc me retrouver sans boulot et sans argent » , termine Raphaël Bolly.
RÉACTION DES RIVERAINS : « Je suis sûr qu’il nous remerciera plus tard » M-CL.G.
Michel Hellas, porte-parole de la centaine de riverains opposée au projet de poulailler, ne cache pas sa satisfaction : « nous sommes ravis évidemment qu’il abandonne son projet de 25.000 poulets ». Les riverains redoutaient les nuisances générées par l’exploitation de l’agriculteur villois : odeurs, mouches mais aussi perte de valeur des maisons. « J’espère qu’il trouvera d’autres débouchés agricoles plus durables. Pour le reste, je suis persuadé qu’il nous remerciera dans quelques années. Il allait s’endetter à vie. Pour quoi ? Pour un boulot qui n’allait même pas lui rapporter l’équivalent d’un 1/4 temps » , conclut Michel Hellas. Pas sûr que Raphaël Bolly appréciera sa remarque.