Une prévision de bétonnage de sentier suscite un certain émoi parmi les Braivois, après l’entérinement de la disparition de facto du sentier rue de la Vigne, s’annonce le cimentage d’une des dernières liaison en terre de Ville-en-Hesbaye. On est en mal de trouver une utilité à ce projet, mais après avoir vu le dossier, les implications, elles, nous semblent bien réelles.  Edmée Lambert d’Ecolo Braives fait le point sur le dossier et examine l’origine de ce projet.

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Utilité réelle de créer ce nouveau cheminement ?

Marcheuse au quotidien, la disparition de chemins m’attriste énormément et je fais le constat suivant : la politique de remembrement rural a été largement critiquée et stoppée, suite notamment à la création de nouvelles voiries agricoles en béton. Et que fait-on ? Sous couvert de mobilité douce et de promotion du vélo, les communes créent de nouveaux cheminements cyclistes en béton. N’est-ce pas contradictoire ? J’ai eu l’opportunité de consulter le dossier et je l’ai trouvé bien maigre.

A cet endroit, la rue de Ciplet a une largeur de 5 à 6 mètres. Il s’agit d’une voirie en bon état traversant une zone agricole sans habitation proche. Est-il réellement nécessaire d’élargir cette voirie de près de 5m juste pour des cyclistes ? Ces cyclistes au quotidien en ont-ils formulé la demande ? Cet aménagement sécurisé va-t-il réellement améliorer la situation des cyclistes et des marcheurs alors que rue de la Havée, la visibilité qui succède à cet aménagement est faible, qu’il n’existe pas de trottoir et que de nombreuses évacuations d’eaux usées nauséabondes s’évacuent sur le filet d’eau?

Début de l’aménagement. ©google

Le contexte législatif

Il est attendu de nos gestionnaires qu’ils soient attentifs aux différents types de subventionnements possibles pour la réalisation d’aménagements en faveur de la mobilité douce et des usagers les plus faibles. Citons notamment les subventions proposées par la Province de Liège pour la réalisation de parking d’éco-voiturage ou le projet Vision Fast 2030 de la Région Wallonne visant «à soutenir financièrement la concrétisation d’aménagements en faveur des déplacements actifs (piétons, personnes à mobilité réduite et cyclistes)». Mais c’est ici que le bât blesse : pour pouvoir bénéficier de ces subventions, les revêtements doivent obligatoirement être indurés (en béton ou asphalte !!).  Des prescriptions en contradictions avec les engagements gouvernementaux de 2019 : zéro artificialisation nette des sols à l’horizon 2050.

L’enquête publique en cours

Du 10 juin au 14 juillet 2020, une enquête publique est ouverte pour « la création d’une voirie parallèle à la rue de Ciplet en prolongement du chemin n° 13 ». En résumé, il s’agit de créer un cheminement en site propre de 160 m, longeant la rue de Ciplet à Ville en Hesbaye. D’autre part, le seul chemin de terre restant sur Ville-en-Hesbaye sera induré dans la foulée sur 460 m. Au total, ce seront plus de 1240 m² de terres agricoles qui seront bétonnées par cette réalisation ce qui équivaut à un bâti d’au moins 10 maisons ! Nous sommes donc bien loin de l’objectif zéro artificialisation des sols.

Sentier n°13 – image ©google

Imperméabilisation des sols
La présence d’axes de ruissellement au niveau de la Croix Limage, rue des Aiwisses est bien mentionnée dans le dossier mais aucun recoupement entre la création de cette nouvelle voirie et ces axes de ruissellement 400 m plus bas n’est envisagé. Et dès lors l’aggravation des risques de coulées boueuses non plus, le dossier sur ce point est vide. Il va sans dire que si plus 1200 m² de terres agricoles sont imperméabilisées, il y aura aggravation du risque d’inondation par la voirie en pente vers la Croix Limage. La canalisation de collecte des eaux de ruissellement installées en 2018 suffira-t-elle pour éviter l’inondation du lotissement rue des Aiwisses ?  C’est le pari risqué de ce projet.

Sentier n°13 – image ©google

Perte de biodiversité
Le dossier en consultation à la commune ne mentionne pas non plus l’impact spécifique sur la biodiversité ou le paysage, il est juste mentionné que la biodiversité à cet endroit est pauvre, est-ce une raison pour la diminuer encore ?  Ne devrait-on pas, à l’inverse réaliser des aménagements en faveur de la biodiversité pour améliorer le maillage écologique, Braives n’est-elle pas Commune du Parc Naturel?

 

Prêt pour plus de béton ?

Dès 2003, la commune de Braives s’est dotée d’un « Plan communal de mobilité » dont l’actualisation a été décidée en 2013. Bureaux d’étude, conseillers en mobilité, agents communaux, ont œuvré sur la mise à jour de ce document ces dernières années. Le résultat de ce travail a été brièvement présenté aux commissions communales (CLDR, CCATM) mais les remarques formulées par certains membres n’ont absolument pas été prises en compte par les autorités communales. Tout était déjà décidé, il ne s’agissait donc que de valider  LE  projet ! À ma connaissance, ce dossier n’a pas été soumis à enquête publique et on n’en trouve pas de trace sur le site internet de la commune.

La promesse de subside de près de 240.000 € est déjà jointe au dossier. Tiendra-t-on vraiment compte des remarques des citoyens ou est-ce uniquement une consultation de régularisation ? Ces 240.000 € sortent de la poche de chaque citoyen pour financer un projet inutile. La sécurisation du cheminement alternatif existant devrait être prioritaire, cette enquête publique n’est ouverte QUE parce qu’il y a création d’une nouvelle voirie(1).

« Braives, commune du Parc Naturel » doit-elle œuvrer à la destruction systématique de sa biodiversité et de son paysage sous couvert de favoriser la mobilité douce ? Après la création d’un chemin bi-bande en béton entre la Chaussée de Tirlemont et la rue du Cornuchamp (coût 140.000 €), des travaux devraient être réalisés prochainement chemin du Via à Braives et à Ville-en-Hesbaye rue de Ciplet. À coup de centaines de milliers d’euros, nos chemins de terre et accotements se voient l’un après l’autre bétonnés ! Il est urgent d’avoir une réflexion globale sur le partage des voiries communales existantes et la sécurisation de celles-ci pour les usagers faibles (cyclistes, piétons et personnes à mobilités réduite).

Ce projet démontre une politique à courte vue, une gestion sans conséquences et des dépenses sans compter car « subventionnées ». Peut-on enfin revenir à Braives vers les réels besoins de la commune et de ses habitants, à une meilleure gestion des fonds publics et des politiques mises en œuvre avec l’argent de nos impôts?

 

Pour une fois qu’on vous demande votre avis, donnez-le !

Nous regrettons que les autorités communales ne facilitent pas la participation des citoyens autrement que par la voie strictement légale, en l’occurrence par la publication d’un avis d’enquête publique.

Le dossier de création d’une voirie parallèle à la rue de Ciplet en prolongement du chemin n° 13, peut-être consulté du 15 juin au 14 juillet 2020 SUR RENDEZ-VOUS chaque jour de service et lors d’une permanence SUR RENDEZ-VOUS, les mardis de 17 à 20h00.

Contactez l’agent en charge du dossier

Philipe Lederer : 0474/791684 

philippe.lederer@braives.be

E. L.

(1)le chemin existant entre la rue des Aiwisses et la rue de Ciplet, aurait pu être bétonné discrètement sans que les braivois n’en soient informés, ce type d’aménagement n’étant pas soumis à enquête publique.